Andalousie
Andalousie #5
Un jour peut-être, un homme regardera l’horizon – il importe peu que ce soit de cette planète ou d’une autre – et se dira : « Voilà, c’est fini. » Son regard sera le dernier.
Peut-être pensera-t-il aux symphonies et aux fresques, peut-être à une ritournelle et au parfum d’une friandise. Peut-être pensera-t-il à ses combats ou à la chair aimée. Peut-être ne sera-il que dans le présent, à regarder l’horizon comme je le fais, sans regret ni espérance.
Andalousie #4
Nous marchons sans trop savoir où nous allons, poussés par le soleil, attirés vers l’ombre, dans une recherche d’équilibre tellement présente qu’elle échappe à notre conscience.
Et puis nous nous retrouvons là, dans un lieu, dans une posture que nous n’avons pas vraiment choisies, nous demandant comment notre quête d’harmonie nous a conduit à tant de singularité.
Andalousie 2015
Andalousie #3
Lorsque nous créons un objet, nous l’imaginons souvent préservé des effets de l’âge. Pourtant, c’est la façon dont les contraintes de la physique et de la chimie le feront vieillir qui lui confèreront la noblesse ou l’oubli.
La rouille du monde est sa mémoire, son éclat est sa perte.
Andalousie #2
Sur les toits andalous s’étendent avec une lenteur souveraine des colonies de lichen. Les vivants recouvrent les morts, insensibles aux vents et aux formes de vies plus fugaces qui s’invitent le temps d’un été.
Moi, je ne suis là qu’une soirée infime, goûtant un Sin Palabras frais et minéral face à l’Alhambra immuable, et surplombant Granada où quelques milliers d’hommes s’échinent à justifier le sens qu’ils ont cru trouver à leur vie.
Andalousie #1
Dans le labyrinthe d’El Albaicin, quand se sont tus les oiseaux et les enfants, notre seul guide est une lune rouge, fixe et massive, posée là pour mille ans par les fils des fils d’Umayya ibn `Abd Shams.