Belgique
Senne 2020
Coxyde 2018
Braderie de Schaerbeek
Doel
Doel #2
« Cette vague qui reflue avec les souvenirs, la ville s’en imprègne comme une éponge, et grossit ; une description de Zaïre telle qu’elle est aujourd’hui devrait comprendre tout le passé de Zaïre. mais la ville ne dit pas son passé, elle le possède, pareil aux lignes d’une main, inscrit au coin des rues, dans les grilles des fenêtres, sur les rampes des escaliers, les paratonnerres, les hampes des drapeaux, sur tout segment marqué à son tour de griffes, dentelures, entailles, virgules. — Italo Calvino, Villes invisibles (trad. Jean Thibaudeau)
Doel #1
« L’air est plein d’une innombrable multitude de peuples de figure humaine, un peu fiers en apparence, mais dociles en effet : grands amateurs des sciences, subtils, officieux aux sages, et ennemis des sots et des ignorants. Leurs femmes et leurs filles sont des beautés mâles, telles qu’on dépeint les Amazones… Sachez que les mers et les fleuves sont habités de même que l’air ; les anciens Sages ont nommé Ondins ou Nymphes cette espèce de peuple… La terre est remplie presque jusqu’au centre de Gnomes, gens de petite stature, gardiens des trésors, des minières et des pierreries. ceux-ci sont ingénieux, amis de l’homme et faciles à commander. Ils fournissent aux enfants des Sages tous l’argent qui leur est nécessaire et ne demandent guère pour prix de leur service que la gloire d’être commandés. Les Gnomides leurs femmes sont petites, mais fort agréables, et leur costume est fort curieux… Quant aux salamandres, habitants enflammés de la région du feu, ils servent aux philosophes. »
Nicolas-Pierre-Henri de Montfaucon de Villars, Le comte de Gabalis ou Entretiens sur les sciences occultes (1670)
Voisins
Foire du Midi
Schaerbeek #3
Le craquement de la branche morte, le glissement de la semelle sur la boue prise par le gel. Le pouls de la ville ne parvient plus jusqu’ici. Seule la lente respiration du monde.
« Attends-moi, ça glisse ! » Elle semble s’accrocher à son parapluie. L’escalier forestier n’en est pas un. Impératif de l’équilibre.
Rien n’est ce qu’il semble être. Ceux qui l’ignorent évitent ce lieu.
Schaerbeek #2
Les voies ferrées sont des blessures apaisées, des cicatrices qui lient la ville à la campagne.
De part et d’autre des lignes d’acier s’étale un monde délaissé par les hommes et reconquis par une nature hésitante. Zones marécageuses, entourées d’herbes dures et d’arbres noirs, rongeurs furtifs, batraciens inquiets, nids délaissés.
Nous sommes dans un paysage que des milliers de personnes ignorent chaque jour, depuis le confort relatif de leur voiture de chemin de fer. Nous sommes dans un blanc sur la carte, et au-dessus de nos têtes un groupe de ramiers s’envole bruyamment, faisant claquer leurs ailes comme des voiles.
Cueillette
Schaerbeek #1
Une échelle d’aluminium, quelques pas mal assurés, une trappe à manœuvrer et nous passons outre la frontière interdite.
Nous retrouvons le ciel. Le toit est encombré de buses, de reliefs dont nous n’identifions pas la fonction, d’autres trappes, condamnées. Le bord non sécurisé nous rappelle notre finitude et notre magnificence. La ville est en-dessous, bruisse et nous ignore.
Nous sommes Marc-Aurèle et nous marchons sur notre montagne. Le vent nous gonfle de vie.
Mer du Nord
Faire du cuistax sur la digue d’Ostende, dépasser le casino, les thermes et filer vers la France. Longer la mer sur la droite, laisser les gens sur la gauche.
À gauche, les gens mangent, marchent et parlent. Ils promènent leur chien, leurs enfants ou leur vie. À droite, la mer roule tranquillement sa molle marée. Et nous, au milieu de tout ça, nous pédalons vers la Côte d’Opale, la Bretagne, l’Aquitaine.
Dans le ciel, des mouettes géostationnaires, face au vent, ignorent qu’elles illustrent un paragraphe fameux de Lewis Carroll.
Asperitas
Quitter
Chaque décision est un départ, chaque oubli une allégresse.