British Columbia

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British Columbia #3

De ma chambre on voit la ville, et de la ville ma chambre.

Mais la proximité est telle que ce n’est pas la ville que je vois mais les alvéoles parfois éclairées qui se rempliront dans quelques heures. Je vois les bureaux, les ordinateurs, les plantes vertes dérisoires posées sur les armoires. Ces alvéoles se rempliront bientôt d’hommes et de femmes qui travailleront à ce que d’autres alvéoles voient le jour ou à ce que ceux qui occupent celles-ci puissent continuer ainsi. Il vérifieront des budgets, écriront des règlements, planifieront des processus.

Il est cinq heure à Vancouver et je prends soin d’éteindre mon alvéole avant de la quitter pour un avion qui me la fera survoler.

 

British Columbia #2.5

Après une nuit trop courte, je change 14 caractères dans les 12.766 qui m’offrent quelques semaines de survie financière. Je m’habille avant de partir vers Gastown, vers la base d’hydravions. Je la laisse dormir, comme semble le faire tout Vancouver. Sur un ponton du front de mer veille un hibou. Je crois d’abord à une statue mais sa tête se tourne vers moi. Je résiste à l’envie d’imprimer cette rencontre dans une autre mémoire que celle, fragile et fugace qui guide encore mes pas. Je repense à ces 14 caractères, relègue le reste. Je sens une pointe d’iode dans le vent qui assèche mes yeux.

British Columbia #2

« Là-bas, tout est grand, tout est possible » me dit-elle avant qu’une feuille Excel ne capte nos vies.

Je me souvenais de Borges parlant de la plaine : « de même que les hommes d’autres nations vénèrent et pressentent la mer, de même nous (y compris l’homme qui entretisse ces symboles), nous aspirons ardemment à vivre dans la plaine infinie qui résonne sous les sabots. »

L’infini canadien ne nécessite pas d’horizon et se nourrit de verticales.

 

British Columbia #1

Bien sûr il y a le vent et le froid, et puis le terrain en pente, et les orages qui ravinent le sol et découvrent les racines. Alors, il faut pousser droit. Droit et haut pour capter l’eau des nuages que le Pacifique nous envoie régulièrement. Assurer notre ancrage sur le sol du Mt Pitt, quelque part entre Squamish et Whistler.

 

Se repérer

Zaventem

Une immense surface de béton se fragmente en une multitudes de zones dont je cherche l’affectation. Il y a les zones de stationnement et celles de circulation. Pour les avions, les véhicules techniques, l’acheminement des voyageurs et celui du fret. Nul arbre, nul oiseau. Des machines, des hommes et des signes.