AnamnèseAnamnèse, pour chœur mixte et orchestre à cordes, est désor­mais dis­po­nible aux Éditions Delatour (France).

Écrite en col­la­bo­ra­tion avec le com­po­si­teur belge Michel Lysight, cette pièce s’ouvre sur une basse obs­ti­née de six notes en valeurs régu­lières ; les dif­fé­rents pupitres de l’orchestre construisent sur cette basse un choral sur lequel se greffent pro­gres­si­ve­ment deux motifs mélo­diques énoncés par les voix du chœur. Le premier motif est chanté en canon à trois parties par les sopra­nos, altos et ténors tandis que seules les basses chantent le deuxième.

Le texte est né du constat que les six camps d’extermination nazis de la seconde Guerre Mondiale furent bâtis en Pologne. Ce fait his­to­rique, en contra­dic­tion avec le souci de ren­de­ment et d’optimisation des concep­teurs de la Shoah, n’a jamais reçu d’explication satis­fai­sante. L’auteur imagine le ques­tion­ne­ment de des­cen­dants polo­nais sur le rôle de leurs parents dans l’une des plus grandes entre­prises de déshu­ma­ni­sa­tion de l’histoire.

Chaque voix chante son propre texte, indé­pen­dam­ment des autres, incar­nant d’abord l’horreur des pri­son­niers, puis celle, à quelques géné­ra­tions de dis­tance, des jeunes Polonais décou­vrant l’histoire. Furtivement, ces voix indi­vi­duelles convergent vers les mêmes sono­ri­tés, les mêmes mots et la même conscience.

La musique, très lyrique et expres­sive lorsque le texte énonce des paroles de pri­son­niers, devient net­te­ment plus dis­tan­ciée et froi­de­ment ryth­mique dans la partie cen­trale, au moment où le chœur égrène sys­té­ma­ti­que­ment les noms de chaque camp, comme pour en évoquer la totale déshu­ma­ni­sa­tion. La der­nière partie voit s’inverser les rôles de l’orchestre et du chœur : ce dernier chante le choral du début tandis que les deux motifs mélo­diques sont joués par l’orchestre jusqu’à ce que le silence sur­vienne abruptement.