Doel

« L’air est plein d’une innom­brable mul­ti­tude de peuples de figure humaine, un peu fiers en appa­rence, mais dociles en effet : grands ama­teurs des sciences, subtils, offi­cieux aux sages, et ennemis des sots et des igno­rants. Leurs femmes et leurs filles sont des beautés mâles, telles qu’on dépeint les Amazones… Sachez que les mers et les fleuves sont habités de même que l’air ; les anciens Sages ont nommé Ondins ou Nymphes cette espèce de peuple… La terre est remplie presque jusqu’au centre de Gnomes, gens de petite stature, gar­diens des trésors, des minières et des pier­re­ries. ceux-ci sont ingé­nieux, amis de l’homme et faciles à com­man­der. Ils four­nissent aux enfants des Sages tous l’argent qui leur est néces­saire et ne demandent guère pour prix de leur service que la gloire d’être com­man­dés. Les Gnomides leurs femmes sont petites, mais fort agréables, et leur costume est fort curieux… Quant aux sala­mandres, habi­tants enflam­més de la région du feu, ils servent aux philosophes. »

Nicolas-Pierre-Henri de Montfaucon de Villars, Le comte de Gabalis ou Entretiens sur les sciences occultes (1670)