
Cette lutte n’est pas celle qu’entretiennent le Bien et le Mal, elle est celle qui oppose les différentes conceptions du Bien, et chacune partage l’idée que la Justice lui est nécessaire. Mais la Justice de ceux qui n’ont rien ne peut reposer que sur l’imaginaire, le religieux. Tandis que la Justice de ceux qui ont tout doit nécessairement protéger leurs avoirs. Ces deux justices ne peuvent partager de norme commune, et justifier l’une ou l’autre au nom de valeurs est une imposture dérisoire.
La lassitude et la violence coulent, immiscibles l’une à l’autre, dans les veines de Ramallah. Là, au milieu de gosses qui rêvent la fin du jour dans une rue que personne n’affectionne, un homme fatigué et tendu me croise d’un pas rapide. L’air est chargé d’effluves d’essence, de senteurs épicées et de relents de légumes abandonnés là. Tout dans cette rue écrit ceci : bientôt le métal déchirera à nouveau la chair, bientôt le sang et la poussière couleront, immiscibles, dans les veines de Ramallah.