« Si on regarde par la baie, la lagune est comme une croûte de sel, et on croit voir une mer de la lune. On dirait que la planète s’est refroidie pendant qu’on dormait, qu’on s’est levé au cœur d’une nuit au-delà des âges. On croit voir ce qui sera un jour, […] quand il n’y aura plus de Maremma, plus d’Orsenna, plus même leurs ruines, plus rien que la lagune et le sable, et le vent du désert sous les étoiles. On dirait qu’on a traversé les siècles tout seul, et qu’on respire plus largement, plus solennellement, de ce que se sont éteintes des millions d’haleines pourries. » — Le Rivage des Syrtes de Julien Gracq

Rien ne bouge. Les masses sont telles, et leur équilibre si fragile, que tout le visible semble devenu inflammable. Il devient clair que seuls certains mouvements sont autorisés, que nous entrons dans une chorégraphie secrète et impréparée dont la parfaite exécution sera la clé du passage.