Une ville est un système, et un système c’est ça : un réseau complexe d’éléments en équilibre plus ou moins dynamique, éléments ayant chacun une grandeur et une direction, un espace de vecteurs.
Alors, il y a bien sûr les déplacements, les routes, métros, escaliers, ascenseurs, les couloirs aériens, les corridors et les portes et puis toutes les commandes et la signalétique qui va avec : les feux, les boutons, les panneaux d’information, d’obligation, de danger, les messages de sécurité délivrés par les haut-parleurs, les numéros collés sur les sièges, les taxis, les rues et les plaques minéralogiques.
Et il y a aussi la façon dont tout cela se construit et tient en forme : les buildings, les humains, les voitures et les vélos.
Et puis il y a les gens qui rêvent, le réseau électrique, le vieux porte-avions, les bombes de mousse à raser et ma cheville qui me tire.
Tout ça tient tellement bien debout qu’on a l’impression que c’est infini : que quand un truc foire c’est pas grave puisqu’il reste toujours une infinité de trucs qui marchent.
Et bien, c’est faux, tout ça est sacrément fini. Seulement, tenter d’imaginer cet espace vectoriel inouï est tellement vain qu’on n’a que deux solutions : faire semblant de croire qu’il est infini, ou accepter que notre insignifiance nous condamne à ne rien maîtriser.
Voilà pourquoi je n’aime pas trop les gens sûrs d’eux : leur assurance n’est jamais que de l’ignorance.